A Olivier PRADIER, mon grand-père, ancien matelot sur le Pourquoi Pas ?
Bref récit de la seconde exploration polaire du Commandant CHARCOT (1908-1910).
Le commandant Charcot avait effectué une première expédition polaire sur le navire baptisé Le Français. Cette première expédition avait permis la rédaction de près de 1000 km de nouveaux tracés polaires. Le premier bilan scientifique était très important dans les domaines météorologiques, sur les phénomènes optiques, sur l'écosystème polaire... Au 18ème siècle la France était quasiment absente des régions polaires. Cette expédition a permis à la France d'être représentée sur les territoires polaires.
C'est dans ce contexte que le Commandant Charcot prépare sa seconde expédition vers l'antarctique, ce continent qui reste à découvrir. La première tâche est de constituer le financement complémentaire que Charcot avait besoin pour concrétiser son projet. Le budget sera étatique et institutionnel. L'état participera à raison de 600 000 F, l'institut océanographique, l'Académie des sciences, les souscriptions individuelles compléteront le budget total de 780 000 F. Le prince Albert de Monaco prêtera quant à lui le matériel scientifique.
Le Pavillon | La devise |
Un nouveau navire qui sera appelé Le pourquoi Pas ? est mis en chantier en 1907 à Saint-Malo. C'est un navire trois míts de 40 mètres, d'une largeur de 4,2 mètres, avec un creux de 5,10 mètres, une puissance de 450 Cv, de 825 tonneaux. Tous les matériaux du navire sont prévus pour résister à la rudesse polaire. L'avant du navire est par exemple consolidé par des tôles de fer et de zinc. Il est équipé d'une grande cheminée qui en fait une de ses principales caractéristiques. Il est équipé de trois laboratoires.
Le 18 mai 1908 Le Pourquoi Pas ? est achevé. Mme Charcot est la marraine du navire tandis que Paul Doumer en est le parrain. Le navire part du Havre en direction de la côte sud Américaine. Après deux escales, il arrive à Rio de Janeiro ou l'accueil de la population est très jovial. Le temps de la traversée a été utilisé pour l'aménagement intérieur et la finition du navire. L'équipage du français a presque dans son intégralité rempilé sur le Pourquoi Pas ? Aux hommes d'équipage se joignent un important contingent de scientifiques.
Il convient de replacer cette aventure dans le contexte technique de l'époque. Le Pourquoi Pas ? navait bien sûr aucune assistance météorologique, aucun GPS, aucun radar... Il fallait énormément de courage pour s'attaquer à un continent hostile et presque inconnu sans aucune assistance technique à terre.
Le 1er décembre 1908 Le Pourquoi Pas ? arrive dans le détroit de Magellan. Il passe la cap Horn sans encombre, et rencontre les premiers icebergs aux trajectoires changeantes et incertaines.
Le 14 janvier 1909 Le Pourquoi Pas ? atteint la limite
des terres connues. Le Pourquoi Pas ? va passer un
hivernage en février 1909. Le Pourquoi Pas ? est
donc pris dans les glaces de manière volontaire.
C'est donc
à partir du navire que vont s'effectuer le travail
scientifique et les explorations. On construit des cabanes, des abris
météorologiques, on fait de l'électricité
à l'aide d'essence et de charbon. En avril 1909 la
température descend jusquà -70° celcius.
Certains membres déquipage y compris le commandant
Charcot souffrent du scorbut.
Les activités sont nombreuses pendant cet hivernage. L'équipage façonne une piste de ski. Des cours de grammaire, d'orthographe et d'arithmétique sont donnés les soirs. L'équipage s'adonne aux jeux de cartes et d'échecs. La tâche la plus difficile est la corvée deau.
Le 14 juillet un feu d'artifice vient saluer notre fête nationale. De juillet à octobre, les travaux scientifiques se poursuivent, ainsi que les explorations des terres nouvelles.
En novembre 1909 , Le Pourquoi Pas ? remonte vers la Terre de Feu, puis vers la France. Le Pourquoi Pas ? remonte la Seine jusqu'à Rouen ou la population réservera un accueil chaleureux aux explorateurs du 20ème siècle.
Bilan de la seconde exploration polaire:
Le Pourquoi Pas ? fera naufrage à 30 milles de
Reyjkavik (Islande) le 16 septembre 1936. Un seul survivant, 23 morts
dont le commandant Charcot.
Décembre1997, modifié en septembre 2000